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Essai : streamer EverSolo DMP-A6, le couteau suisse audio

RÉSUMÉ

La firme chinoise EverSolo Audio, qui fait partie du groupe Zidoo Technology, propose depuis quelques mois un lecteur réseau aussi performant qu’intuitif. Un appareil très bien conçu qui permet de diffuser de la musique en toute simplicité, tout en jouissant d’une excellente qualité sonore. Le tout se contrôle par l’intermédiaire d’un écran LCD couleur ou d’une application dédiée pour smartphone et tablette.

POINTS FORTS

  • qualité de fabrication
  • facilité d’utilisation
  • écran pratique et lisible
  • compatibilité avec de multiples supports
  • application dédiée performante

POINTS FAIBLES

  • pourrait être plus naturel en certaines occasions
  • les pochettes de disque ne se chargent pas toujours avec Roon
  • pas de finition argentée disponible

EverSolo fait donc partie du groupe Shenzhen Zidoo Technology, société fondée en Chine en 2014 et spécialisée dans l’électronique de pointe mais qui développe aussi des appareils pour le grand public, notamment dans l’audiovisuel. Au catalogue d’EverSolo on trouve aujourd’hui deux DAC, un lecteur réseau (que nous testons ici), deux lecteurs multimédia portables et un générateur de bruit blanc spécialement développé pour la chambre à coucher. 

Alors qu’EverSolo est dans la fleur de l’âge, il faut néanmoins noter que celle-ci bénéficie d’ores et déjà d’une excellente réputation avec des produits de grande qualité, proposés à des prix raisonnables. Mais qu’en est-il du DMP-A6 ? Fait-il le poids face aux stars du segment ou n’est-il à même que de jouer au figurant

Caractéristiques techniques

Tout d’abord, sachez que le DMP-A6 propose une kyrielle de fonctionnalités, à tel point qu’on peut facilement s’y perdre. Le tout est néanmoins présenté de manière intuitive et l’installation de cet ingénieux petit appareil se fait en un tournemain.

Première chose à faire après l’avoir sorti de sa boîte : relier le DMP-A6 à internet à l’aide d’un câble RJ45 ou via le Wi-Fi. Une fois que c’est fait, celui-ci est immédiatement repérable par vos appareils connectés (dans notre cas un Google Pixel 7 et un serveur NAS contenant des CD rippés tournant à l’aide de Roon). Techniquement, le DMP-A6 repose sur un environnement Android, son logiciel interne faisant régulièrement l’objet de mises à jour. La face avant est pourvue d’un écran LCD de 6" qui se montre à la fois fonctionnel et facile à manipuler grâce à une arborescence logique et bien conçue.

Il existe aussi une application EverSolo dédiée qui permet de contrôler la plupart des fonctionnalités de l’appareil. À titre d’exemple, dans les réglages, vous pouvez choisir entre sept filtres applicables à vos préférences d’écoute musicale, opter pour un volume fixe ou variable, modifier la luminosité de l’écran et l’éclairage des boutons et bien plus encore. En outre, le DMP-A6 dispose également d’un emplacement pour un disque SSD M.2 sur lequel vous pouvez charger votre propre musique, ainsi que des ports USB pour connecter un appareil de stockage externe, ce qui lui permet de devenir alors un hub à même d’accueillir différentes sources.

Le DMP-A6 intègre 2 puces DAC ESS 9038Q2M (une pour chaque canal), gage d’une mailleure séparation, d’un rapport signal/bruit optimisé et d’une plage dynamique accrue. Le signal de streaming interne passe par ces puces, tout comme les entrées numériques (qu’elles soient optiques, coaxiales, USB ou encore Bluetooth). Le DAC intégré permet aussi d’obtenir un signal entièrement symétrique sur les sorties XLR situées à l'arrière, mais on trouve aussi des sorties RCA pour ceux qui disposent d’un ampli conventionnel. Notez enfin que ces deux sorties analogiques peuvent être configurées pour un niveau fixe (line-out) ou variable (pre-out).

Mais il est aussi possible de se passer du DAC, aussi performant soit-il. Dans ce cas, le DMP-A6 émet alors des signaux audio numériques via les sorties coaxiales, optiques, USB et HDMI. En matière de connexion, on peut déplorer le fait que le DMP-A6 ne dispose pas d’entrées analogiques. Les utilisateurs de platines vinyle ou encore de lecteurs de cassettes devront donc se rabattre sur un autre système de préamplification.

Enfin, en ce qui concerne l’alimentation, le DMP-A6 se connecte au secteur par l’intermédiaire d’un câble IEC standard. Mais, histoire d’éviter tout bruit, on trouve un filtre à inductance ainsi que des composants audio de très haute qualité. Et on peut vous dire que cela s’entend !

Un mot encore sur la qualité de fabrication qui frôle la perfection. On a droit à un châssis très bien fini tandis que la taille de l’appareil permet de l’intégrer dans la plupart des systèmes. Comme évoqué ci-dessus, l’écran en façade est clair, lumineux, facile à utiliser et se montre réactif, ce qui est indispensable pour naviguer dans les différents menus. La grande molette est elle aussi tout à fait convaincante avec un feeling qui n’a rien à envier à des accessoires trois à quatre fois chers. On retrouve également une belle finition à l’arrière où les différentes entrées et sorties respirent la solidité.

Utilisation au quotidien

Le DMP-A6 est compatible avec la majorité des services de streaming. Pour cet essai, nous avons privilégié l’utilisation de Spotify ainsi que de Tidal. Lors de la première utilisation, il convient de choisir quelles sorties numériques ou analogiques seront utilisées afin de transmettre le signal musical à l’amplificateur. Cela se fait soit depuis l’écran de l’appareil, soit depuis le smartphone sur lequel l’application est installée. Cette dernière prend également en charge la lecture locale de fichiers stockés sur le disque SSD M.2 ou sur un disque externe branché via le port USB. Dans ces deux derniers cas, le DMP-A6 se montre un poil moins réactif, nécessitant un peu plus de temps pour lancer le morceau sélectionné ou pour afficher la pochette de l’album. Mais rien d’insupportable ! Enfin, pour les utilisateurs de Roon, la configuration se fait très facilement et le DMP-A6 n’éprouve aucune peine à fonctionner dans ce mode.

Fort de nombreuses fonctionnalités, le DMP-A6 se montre pourtant intuitif et aisé à manipuler. Maintenant que les présentations sont faites, il est temps de se pencher sur les qualités sonores de cette recrue prometteuse !

Un streamer précis et dynamique

Comme tout appareil Hi-Fi, un streamer n’est pas l’autre, chacun se distinguant avec un rendu sonore qui lui est propre. Et même lorsque deux appareils différents embarquent le même type de DAC, le son n’en sera pas pour autant similaire. De l’alimentation à l’étage analogique en passant par l’implémentation du convertisseur N/A, tous ces éléments vont contribuer à “personnaliser” le son de l’appareil. Et le DMP-A6 n’échappe pas à cette règle.

En la matière, les ingénieurs d’EverSolo ont opté pour un rendu relativement neutre. L’implémentation des puces ESS 9038Q2M offre ici un son chaleureux qui n’est ni trop clinique, ni trop analytique. Le rendu se montre donc décontracté, ce qui convient bien à la majorité des styles musicaux. À l’écoute, cela donne une présentation détaillée et nette, légèrement mise en avant, qui semble proche de ce qui a été désiré au moment de l’enregistrement. La reproduction musicale est franchement bonne, dénuée de toute dureté ou de brillance qui peuvent parfois être reprochées à certains appareils équipés de ces puces ESS.

Vous l’aurez deviné, le DMP-A6 ne colore donc pas le son et opte plutôt pour un rendu neutre et linéaire. Certains lui reprocheront peut-être de sacrifier un rien le côté chaleureux au profit d’une certaine neutralité qui, il faut le dire, fonctionne plutôt bien avec la majorité des genres musicaux. Pour faire bref, l’EverSolo “fait le job” en présentant tout contenu musical de manière ouverte et dénuée de toute forme de contrainte.

Pour le mettre à l’épreuve, nous avons opté pour différents albums musicaux récents, à commencer par John Williams in Vienna. Le DMP-A6 permet d’entendre tous les détails de l’enregistrement, en ce compris les plus subtils, sans pour autant paraître trop clinique. La spatialisation est bonne, tout comme le placement des instruments, précis, sans jamais donner l'impression d'un manque de dynamique. Changement de genre avec Canned Heat de Jamiroquai. Rythmé et riche en basses comme en aigus, ce morceau est particulièrement percutant. Ici aussi le DMP-A6 montre qu’il dispose d’une excellente maîtrise du son, séparant la partie rythmique des nombreux passages au violon et délivrant à ce tube l’énergie qu’il mérite.

À titre de comparaison, nous avons aussi écouter les mêmes morceaux à l’aide d’un Google Chromecast Audio, relié à notre ampli de référence (le Technics SU-G700M2) par l’entrée S/PDIF optique, tout comme le DMP-A6. L’EverSolo marque ici clairement la différence avec un son à la fois plus riche, dynamique et précis. Le DMP-A6 prend toujours clairement l’avantage sur le petit appareil conçu par Google, notamment en termes de timbre et de précision, ce qui est rassurant vu la différence de prix entre les deux appareils. Globalement, l’EverSolo génère un son naturel et fluide qui vous permettra de vous laisser porter par vos morceaux préférés.

C’est surtout le cas avec des morceaux dominés par la voix, à l’image de Not That Kind d’Anastacia. La voix de la chanteuse américaine est étonnamment détaillée et c’est un régal de l’écouter avec le DMP-A6. Certains lui reprocheront peut-être de reproduire ce tube de manière un peu trop clean, avec une légère perte d’émotion. Il n’en demeure pas moins que toutes les harmonies vocales sont bien là et qu’il est facile de distinguer chaque couche de l’enregistrement, dont la basse et les chœurs, ce que nos Triangle Genèse Trio n’ont pas manqué de très bien reproduire, avec une belle sensation aérienne.

Un DAC convaincant

Autre exercice pour lequel le DMP-A6 n’a pas démérité : celui de convertisseur N/A. Pour ce faire, nous avons branché le nouveau lecteur CD TEAC VRDS-701T à l’EverSolo en utilisant son entrée S/PDIF coaxiale. De quoi aussi tester la faculté de son DAC à décoder des fichiers MQA, en l'occurrence l’album CD Greatest Hits de Queen en UHQCD/MQA (une importation du Japon qu’on ne peut que vous recommander si vous disposez d’un lecteur compatible). Le flux audio est ensuite redirigé par la double sortie XLR vers un ampli Rotel RA-1592MKII, relié à deux enceintes PSB Passif 50. Avec cette configuration, on obtient un son plus chaleureux et cotonneux qu’avec l’ampli Technics et la connexion optique. On retrouve par contre une belle neutralité, tout comme la faculté de l’EverSolo à affronter des morceaux très rythmés et riches en détails vocaux comme c’est par exemple le cas dans Bohemian Rapsody ou We Will Rock You. Ces deux morceaux, écoutés d’abord en streaming depuis Tidal, gagnent encore en finesse avec cette déclinaison MQA, le nouveau lecteur TEAC officiant lui aussi parfaitement. Rien ne manque à l’appel, et surtout pas l’énergie exigée par ces deux tubes mythiques, l’ampli Rotel et la paire de PSB nous offrant une expérience proche de celle dont on pourrait profiter dans un studio d’enregistrement professionnel.

Enfin, le résultat a été tout aussi convaincant en recourant à Roon pour reproduire une série de CD rippés dont Adele 30, The Best of Bond et le coffret Astrid Gilberto, 5 Original Albums de chez Verge. Une belle palette de genres qui nous ont permis de constater la belle polyvalence dont le DMP-A6 peut faire preuve, toujours de manière convaincante.

Conclusion

Le DMP-A6 d’EverSolo est un formidable streamer doublé d’un hub numérique talentueux et polyvalent. Vous pouvez en effet y brancher votre lecteur CD ou tout autre média numérique et profiter de son DAC tout comme de son préamplificateur interne. La flexibilité de l'EverSolo DMP-A6 est vraiment impressionnante, tant il y a de manières différentes de l’utiliser et d’incorporer dans n’importe quelle configuration Hi-Fi. Un vrai couteau suisse audio !

Outre ces qualités audiophoniques, le DMP-A6, proposé à 859 €, représente probablement l’un des mailleurs rapports qualité-prix actuellement disponible sur le marché. Si l’on tient des caractéristiques évoquées ci-dessus, de sa qualité de fabrication et de sa polyvalence, il constitue la solution idéale pour toute personne désireuse de faire évoluer son installation Hi-Fi ou pour en créer une nouvelle, sur de bonnes bases. Le DMP-A6 vous permettra de profiter d’un son neutre, net et détaillé, sans pour autant manquer de dynamique et de punch. Nous n’avons en outre relevé aucune dureté ou agressivité dans le rendu sonore, peu importe la configuration retenue. Il s'intégrera donc facilement dans la grande majorité des systèmes, qu’on se contente de l’utiliser comme streamer ou qu’on lui attribue la mission de décoder des flux numériques en flux analogiques. Notons aussi qu’aucun bug n’a été à déplorer, ce qui n’est pas toujours le cas de ces concurrents directs comme le Cambridge Audio CXN V2, plus erratique.

En bref, EverSolo réalise ici une belle performance avec un excellent streamer pourvu d’un DAC convaincant et d’un très bon étage de préamplification, gage d’une signature sonore incroyablement bien contrôlée et détaillée. Sa conception semble avoir fait l’objet de beaucoup de soin tandis que son utilisation quotidienne est un vrai bonheur, tant il est simple à manipuler. Un appareil très impressionnant pour son prix !

EverSolo DMP-A6
Prix recommandé : 859 € / EverSolo Nederland

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