Le fabricant néerlandais d’enceintes Driade est désormais bien connu des visiteurs réguliers de HIFI.NL. Avec leurs formes uniques et leurs caractéristiques sonores particulières, les modèles Driade séduisent un nombre croissant de passionnés de musique. L’introduction du nouveau modèle Driade Premium 9 marque une étape importante : c’est en effet la toute première enceinte de type moniteur de la marque. Mais s’agit-il vraiment d’un vrai produit Driade, ou simplement d’une enceinte arborant un logo familier ?
Driade fait partie intégrante du paysage hifi de nos voisins bataves. Bien que l’entreprise ait connu un changement de direction dans le passé et ait disparu quelque temps du marché, elle est aujourd’hui plus vivante que jamais. Vers 2016, son fondateur Arnold Heres reprend les rênes avec de nouvelles idées, relançant la marque avec une nouvelle génération d’enceintes. Après le succès des modèles 1, 2 et 3, Heres se tourne également vers le marché des câbles sous le nom Driade, avec là aussi de belles réussites. Depuis 2020, la production des câbles est confiée à son partenaire commercial Maarten Tjallingii, tandis qu’Arnold Heres concentre ses efforts sur le développement de nouveaux haut-parleurs et la ligne Premium. Driade n’est donc pas qu’un nom : c’est bien la société d’origine, avec tout l’ADN musical qui lui est propre.
Il y a deux ans, Maarten a exprimé le souhait de développer lui-même une enceinte. Arnold lui a donné carte blanche. C’est ainsi qu’est née une enceinte moniteur dérivée de la colonne Premium Model 2S. Pendant deux ans, Maarten a travaillé dans l’ombre à l’aide de logiciels de modélisation et de simulation pour concevoir le filtre de ce nouveau modèle. Le résultat : la Driade Premium Model 9. Haute de 36,6 cm, large de 20,6 cm et profonde de 23 cm, elle conserve les lignes caractéristiques d’Arnold Heres et repose sur un élégant pied métallique.
Contrairement aux colonnes qui s’effilent vers l’arrière, ces moniteurs — pesant 11 kg chacun — ont un coffret droit, un choix dicté par le volume nécessaire. La réponse en fréquence annoncée va de 47 Hz à 22 kHz (±3 dB), et l’impédance est supérieure à 6 ohms. Cela signifie que ces enceintes sont faciles à alimenter par un large éventail d’amplificateurs.Â
Sang neuf, âme vintage
Sous la supervision d’Arnold Heres, les filtres ont été conçus par Maarten à l’aide de nouveaux condensateurs apportant plus d’ouverture et de détails. Les haut-parleurs proviennent à l’origine du modèle 2S, mais ont été adaptés à ce format. Fournis par l’Allemand Eton, ces transducteurs ont été considérablement modifiés par Heres depuis les années 1980 : pratiquement, seul le cache frontal du tweeter évoque encore l’original. Du moteur à la membrane en passant par le dôme du tweeter, tout a été retravaillé. Le câblage et l’agencement interne respectent également la philosophie d’Heres.Â
Nous avons reçu la version en chêne clair, une teinte qui se marie avec la plupart des intérieurs. Les enceintes sont solidement vissées à un pied Solidsteel. Plus on les regarde, plus on en apprécie les lignes, les proportions et les choix de couleurs. Et si nombreux sont ceux qui n’apprécient pas les vis apparentes, ici, les vis en acier inoxydable brillant se marient subtilement avec les sphères métalliques entre la base et les pieds noirs mats. Le contraste entre le coffret clair et les haut-parleurs noirs est parfait. Nous avons également beaucoup apprécié l’esthétique du pied tripode métallique. Il existe aussi une version bleu foncé avec un pied en métal brut, dont les soudures sont assorties à la finition de l’enceinte. Ce sont ces détails qui distinguent ce moniteur fabriqué entièrement en Union européenne.
Premières impressions
Les enceintes que nous avons reçues avaient environ 40 heures de rodage. À ce stade, la suspension et le moteur ne sont pas encore pleinement libérés. Les bons transducteurs nécessitent en effet toujours un certain temps pour atteindre leur plein potentiel. Au départ, on remarque une image vocale un peu large et une réponse en fréquence extrêmement plate. Mesurée avec Sonic Tools, la courbe est presque rectiligne, ce qui est rare. Malgré cela, le son nous semble au début un peu étroit, artificiel, sans cohésion suffisante entre le tweeter et le woofer. Mais après quelques heures d’écoute supplémentaires, la cohérence s’améliore, tout comme le poids des voix et des percussions.
En revanche, la spatialisation et la profondeur sont déjà remarquables. Le rayonnement des Premium Model 9 est très réussi dès le départ. Même hors de la zone d’écoute idéale, la scène reste vaste et bien définie. Le sweet spot large facilite leur placement, et un réglage précis améliore encore l’image stéréo. Les bords biseautés à 45° et la forme des baffles permettent de contrôler la diffraction, pour un rayonnement optimal des deux haut-parleurs.Â
Après une semaine de rodage, la rapidité du tweeter s’améliore : les transitoires deviennent plus nettes, les aigus plus vivants, les cymbales plus réalistes. Le grave se libère aussi davantage. Le rendu est neutre et détaillé, sans coloration. Le tweeter est exceptionnel, tout comme le registre médium : fluide, sans dureté. Le woofer, après un peu plus de temps, offre une restitution émotionnelle plus convaincante. Une nouvelle mesure confirme une légère montée dans le bas médium et les graves.
Configuration de test
Arnold ayant trouvé le son encore un peu sec, il m’a apporté l’ampli intégré japonais Soulnote A-2, avec lequel les enceintes ont été développées. Son look est particulier, mais la fabrication tout en aluminium massif est irréprochable, à l’image des enceintes. C’est la version argent qui nous est confiée, mais une version noire existe aussi. L’ampli est en double mono équilibré, avec des circuits suspendus, à la manière des électroniques haut de gamme comme Esoteric. Il délivre 2 x 100 W sous 8 ohms, et le double sous 4 ohms. Les entrées et le volume sont pilotés par relais, et le volume utilise un réseau de résistances R2R. L’écran affiche simplement le volume. Minimaliste mais efficace.Â
Comme source, j’utilise ma platine Denon DP47F avec cellule DL110 MC et tapis StackAudio Serene. La section phono est assurée par l’iPhono 2 d’iFi Audio. Elle date un peu, mais ses performances restent magiques. J’utilise aussi mon DAC Bryston BDA3 et le streamer BDP3. Les câbles sont issus de la série Flow Reference 808 de Driade, notre référence depuis des années. Les nouveaux 808 remplacent désormais nos anciens Flow 405, avec émotion après tant d’heures d’écoute.
Session d’écoute
L’ampli Soulnote A-2 révèle immédiatement ses qualités. Par rapport à notre Bryston, le son est différent, mais la sécheresse évoquée par Arnold est en partie due à mon acoustique. À mes oreilles, les Model 9 sont bien équilibrées. On poursuit donc l’écoute avec cet ampli.
On écoute A Search For The Unexplored de A Forest Called Mulu (1997), un mix de trip-hop, jungle et ambient. Quelles basses précises et contrôlées ! Rien n’est exagéré ou atténué. Les enceintes reproduisent exactement ce qui est dans l’enregistrement. La dynamique de la grosse caisse est saisissante, les lignes de basse limpides, même les basses synthétiques sont percutantes.
On passe ensuite à When We All Fall Asleep, Where Do We Go de Billie Eilish (2019). Malgré une écoute intensive, l’album prend ici une ampleur spatiale étonnante. Les détails sont projetés dans la pièce, les basses synthétiques distordues sont rapides et crues. L’atmosphère créée est impressionnante. Les voix sont pleines d'émotions, les instruments à cordes et le piano ont un poids réaliste.Â
Enfin, on passe à Under Tangled Silence de Djrum (2025). Le morceau A Tune For Us se fait bouleversant par la profondeur du piano. Les cymbales scintillent avec chaleur, les cordes sont sèches et rapides. Les graves sont poussés avec autorité. À l’aveugle, on ne croirait pas qu’il s’agit de moniteurs. Ces Model 9 me captivent totalement, quel que soit le niveau de complexité musicale.
On termine par le vinyle original de The Concert in Central Park de Simon & Garfunkel. Quelque chose nous trouble : on entend comme un souffle à droite à chaque coup de grosse caisse. Est-ce un défaut du pressage ? En streaming haute résolution, le son est identique. Finalement, nous réalisons que ce n’est pas notre chien Bear qui ronfle… c’est l’enceinte qui reproduit les réverbérations naturelles du parc avec un réalisme saisissant. Aucun autre haut-parleur ne l’a reproduit de cette manière !
Notre verdict
Bravo à Arnold Heres et Maarten Tjallingii. Maarten a conçu un moniteur remarquable, fidèle à la philosophie Driade. Basées sur le modèle 2S, ces enceintes offrent des performances exceptionnelles. Si ce n’est les autocollants des pieds Solidsteel, nous n’avons aucune critique à émettre. Même ces autocollants semblent vouloir partir dormir la nuit.
L’évolution des haut-parleurs Eton, combinée au nouveau filtre, porte les Model 9 à un niveau impressionnant. Un nouveau produit exemplaire qui montre que Driade reste fidèle à ses valeurs musicales, pour longtemps encore.
Conclusion
Les Driade Premium Model 9 nous ont vraiment impressionnées. Pour leur prix, elles surpassent nos attentes. Associées au Soulnote A-2, elles offrent vitesse, transparence et cohérence tonale remarquables, peu importe le style musical. Pour les amateurs de musiques électroniques, elles sont carrément indispensables !
Driade Premium Model 9
3.999 euros (la paire) | www.driadesystems.com
Pieds : 600 euros (la paire), plaques de montage Driade incluses
Évaluation : 5 étoiles sur 5